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doué de l’esprit comique et je te sais gré de m’avoir fait sourire.

— Timon ! » s’écria Bacchis indignée.

Phrasilas l’arrêta du geste.

« Laisse, ma chère. Au rebours de la plupart des hommes, je ne retiens des jugements dont je suis le sujet que la part d’éloges où l’on me convie. Timon m’a donné la sienne ; d’autres me loueront sur d’autres points. On ne saurait vivre au milieu d’une approbation unanime, et la variété même des sentiments que j’éveille est pour moi un parterre charmant où je veux respirer les roses sans arracher les euphorbes. »


Chrysis eut un mouvement de lèvres qui indiquait clairement le peu de cas qu’elle faisait de cet homme si habile à terminer les discussions. Elle se retourna vers Timon, qui était son voisin de lit, et lui mit la main sur le cou.

« Quel est le but de la vie ? » lui demanda-t-elle.

C’était la question qu’elle posait quand elle ne savait que dire à un philosophe ; mais cette fois elle mit une telle tendresse dans sa voix, que Timon crut entendre une déclaration d’amour.