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poètes, c’était un sage ; pour la société, c’était un grand homme.


« Eh bien, mettons-nous à table ! » dit Bacchis. Et elle s’étendit avec son amant sur le lit qui présidait le festin. À sa droite s’allongèrent Philodème et Faustine avec Phrasilas. À la gauche de Naucratès, Séso, puis Chrysis et le jeune Timon. Chacun des convives se couchait en diagonale, accoudé dans un coussin de soie et la tête ceinte de fleurs. Une esclave apporta les couronnes de roses rouges et de lôtos bleus. Puis le repas commença.

Timon sentit que sa boutade avait jeté un léger froid sur les femmes. Aussi ne leur parla-t-il pas tout d’abord, mais s’adressant à Philodème, il dit avec un grand sérieux :

« On prétend que tu es l’ami très dévoué de Cicéron. Que penses-tu de lui, Philodème ? Est-ce un philosophe éclairé, ou un simple compilateur, sans discernement et sans goût ? Car j’ai entendu soutenir l’une et l’autre opinions.

— Précisément parce que je suis son ami, je ne puis te répondre, dit Philodème. Je le