Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en d’insaisissables reflets. Au-dessous était couchée la reine Bérénice entre deux esclaves persanes qui agitaient autour d’elle deux panaches de plumes de paon.


Elle attira des yeux le jeune sculpteur à ses côtés et répéta :

« Bien-Aimé, je suis contente. »

Elle lui mit la main sur la joue :

« Je te cherchais, Bien-Aimé. Où étais-tu ? Je ne t’ai pas vu depuis avant-hier. Si je ne t’avais pas rencontré, je serais morte de chagrin tout à l’heure. Toute seule dans cette grande litière, je m’ennuyais tant. En passant sur le pont des Hermès, j’ai jeté tous mes bijoux dans l’eau pour faire des ronds. Tu vois, je n’ai plus ni bagues ni colliers. J’ai l’air d’une petite pauvre à tes pieds. »


Elle se retourna contre lui et le baisa sur la bouche. Les deux porteuses d’éventails allèrent s’accroupir un peu plus loin, et quand la reine Bérénice se mit à parler tout bas, elles approchèrent leurs doigts de leurs oreilles pour faire semblant de ne pas entendre.