Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

da quelque temps la porte fermée sur elles ; puis il se croisa les bras et dit à voix basse en se retournant vers Chrysis :

« Bien. Tu te conduis bien.

— Comment ?

— Une seule ne te suffit plus. Il t’en faut deux, maintenant. Tu les prends jusque dans la rue. C’est d’un bel exemple. Mais alors, veux-tu me dire, mais qu’est-ce qu’il nous reste, à nous, nous les hommes ? Vous avez toutes des amies, et en sortant de leurs bras épuisants vous ne donnez de votre passion que ce qu’elles veulent bien vous laisser. Crois-tu que cela puisse durer longtemps ? Si cela continue ainsi, nous serons forcés d’aller chez Bathylle…

— Ah ! non ! s’écria Chrysis. Voilà ce que je n’admettrai jamais ! Je le sais bien, on fait cette comparaison-là. Elle n’a pas de sens ; et je m’étonne que toi, qui fais profession de penser, tu ne comprennes pas qu’elle est absurde.

— Et quelle différence trouves-tu ?

— Il ne s’agit pas de différence. Il n’y a aucun rapport entre l’un et l’autre ; c’est clair.

— Je ne dis pas que tu te trompes. Je veux connaître tes raisons.