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— Tu vas être très heureuse ? ou très puissante ?

— Très puissante. »

Rhodis ouvrit de grands yeux, et s’écria :

« Tu couches avec la reine !

— Non, dit Chrysis en riant ; mais je serai aussi puissante qu’elle. As-tu besoin de moi ? Désires-tu quelque chose ?

— Oh ! oui ! »

Et l’enfant redevint songeuse.

« Eh bien, qu’est-ce que c’est ? interrogea Chrysis.

— C’est une chose impossible. Pourquoi la demanderais-je ? »

Myrtocleia parla pour elle :

« À Éphèse, dans notre pays, quand deux jeunes filles nubiles et vierges comme Rhodis et moi sont amoureuses l’une de l’autre, la loi leur permet de s’épouser. Elles vont toutes deux au temple d’Athêna, consacrer leur double ceinture ; puis au sanctuaire d’Iphinoë, donner une boucle mêlée de leurs cheveux, et enfin sous le péristyle de Dionysos, où l’on remet à la plus mâle un petit couteau d’or affilé et un linge blanc pour étancher le sang. Le soir, celle des deux qui est la fiancée est