Je quitte Paris ce matin à 8 h. 30. Georges vient à la gare avec moi, et notre voiture traverse cet interminable boulevard Sébastopol encombré de poissardes et de petites voitures.
Puis trois heures de wagon ! Mince de scie !
Enfin je m’occupe de différentes manières. Je regarde ma voisine : elle est laide. Elle ne vaut même pas la peine que je lui fasse du pied sous sa robe. Je regarde mon voisin d’en face : c’est un vieux gâteux. Mon voisin d’à côté : c’est un pauvre jeune homme poitrinaire. Le paysage ? Il est banal. Mon journal ? Il est ennuyeux.
Mais, sacredié ! il faut pourtant que je m’occupe !
Je récite mon alphabet. Cela m’ennuie. Je compte jusqu’à cent : je m’arrête à onze.
Alors je me récite des vers. La ballade du Désespéré, Rolla, Stella, tout y passe, même Bossuet.
Mais au bout d’une heure je suis au bout de mon rouleau. Que faire ?
Alors je chante — tout bas, en moi-même — les airs que je connais. Le duo de Lohengrin, la marche des Drapeaux, les Diamants de la Couronne, l’Invocation du Faust de Berlioz, tout