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Si un pion quelconque, La Harpe, ou Nisard, avait conçu les pensées qu’on trouve dans Pascal, personne aujourd’hui ne s’en souviendrait. Mais elles dureront éternellement, car c’est le plus grand des écrivains français qui leur a donné une forme, une vie.

Si un Allemand ou un Anglais imitait en prose les poésies de Musset, elles n’auraient pas le sens commun. Et ainsi de suite.

Du reste, c’est l’évidence même, et je suis bien sot de m’escrimer à prouver cela.


Lundi, 11 juillet.

Il y a deux mois, j’étais socialiste enthousiaste. Deux mois avant, j’étais nihiliste en lisant Terres vierges. Et maintenant me voilà royaliste.

Admirable constance d’opinion. Je dois avouer tout de même que mon dernier changement est infiniment moins noble et moins désintéressé que les deux premiers. Pour être franc, je dirai même qu’il ne l’est pas du tout.

Voici :

J’ai été hier à Versailles. J’ai visité d’abord la Galerie des Portraits, puis celle des Batailles, qui m’avait un peu dépaysé, et enfin les jardins et Trianon, qui m’ont remis en plein XVIIIe siècle.

Pendant tout le temps, j’étais comme dans un rêve : au milieu des apprêts des plus prosaïques