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J’écris ce premier journal au bureau de Georges. Il vient de partir pour son comité de législation étrangère où il n’était pas allé depuis quatre ans.


Samedi, 25 juin, 5 heures.

Dieu ! quelle chaleur ! On ne fait plus rien en classe. Les professeurs disent des bêtises et les élèves ne les écoutent pas. En classe on se couche sur les dictionnaires ; dans la cour on s’entasse sur les bancs. Tout le monde s’éponge, tout le monde bâille, tout le monde s’étire, tout le monde geint. Plus de conversations : l’incendie de l’Opéra-Comique, l’enlèvement de Mercédès de Campos, tout cela c’est bien fini. La chaleur, toujours la chaleur et encore la chaleur. On ne pense plus qu’à cela. C’est abrutissant.

Entre midi et deux heures, pour me secouer, je suis allé m’étendre sur un banc au Luxembourg, et j’ai lu du Victor Hugo. Toujours la Légende des Siècles.

Quel drôle de corps que ce Victor Hugo ! Je viens de lire pour la première fois Ratbert. Eh bien ! il n’y a pas à dire : l’intérêt est absolument nul, les vers sont mauvais, sauf les premiers[1], et c’est cent fois trop long. Et puis, tout à coup, au milieu de ce fatras[2], on tombe

  1. Peut-on ! Et le début, qui est étourdissant !
  2. Oh !