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telle force de tous les points des hautes loges, que les acteurs se sont interrompus dix minutes, comme pendant un tumulte assourdissant ; cette fois, c’était Lissagaray qui était en scène, debout aux troisièmes avant-scène, et au milieu du tapage effroyable qui montait de l’orchestre à l’amphithéâtre, cris, bravos, sifflets, hurlements, injures, grossièretés, applaudissements, huées, Lissagaray haranguait la salle. Il finit par jeter son sifflet aux acteurs en criant : « Vive la République ! » C’était tellement drôle que, malgré toute ma bonne volonté, je ne pouvais pas garder mon sérieux. À l’entr’acte, j’aperçois Clemenceau aux fenêtres supérieures du foyer, et qui disait : « Si j’ai jamais rien entendu de plus bête, de plus bête que cette pièce…! »

Moi non plus.

Le même soir, je termine, sans brouillon ni rature, un poème de 90 vers (La Prière de sainte Thérèse), commencé un soir d’octobre.


Le 21 février 91.

Le premier numéro de la Conque est sous presse.

Je veux cette revue comme une sorte de très jeune anthologie des poètes inédits, présentés et soutenus par les grands poètes de ce temps.

Jusqu’à présent, tout marche tellement bien que je puis à peine le croire. Leconte de Lisle,