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pouvait le retenir quand il n’avait plus besoin de moi. Et de petits faits me revenaient en mémoire — même si j’avais oublié son refus de m’accompagner dans le Midi. Dernièrement, il était venu me trouver à dix heures du matin ; nous avions travaillé ensemble à la révision de son manuscrit, corrigé, annoté, paginé ; et quand, à quatre heures et demie du soir, après avoir parlé de lui pendant six heures et demie sans arrêt, j’avais voulu lui jouer six mesures au milieu d’un chœur du Roi d’Ys et lui demander ce qu’il en pensait : ah ! non. Il était pressé ; à un autre jour. — Je cite cela, je ne sais pourquoi ; toutes les fois que je l’ai vu, depuis un an, il m’a fait quelque chose de semblable.

D’un autre, cela ne me ferait rien. Je le quitterais. Mais lui ! je me sens encore trop intime pour me fâcher ; et je m’afflige les yeux sur lui…

Et comme je l’ai beaucoup aimé, j’attends qu’il me revienne.

Mais tel qu’il est, je ne peux plus le voir. Il est venu ce matin m’apporter les épreuves de son volume et je ne les lui ai point demandées. Il les corrigera seul. Quant à la préface, il la fera aussi. Tout cela m’indiffère et me désintéresse.


Le lendemain.

Quand on est très heureux, on n’a envie de rien