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ner l’idée d’un milieu. Et Mallarmé a repris ceci en l’exprimant de cette manière, textuellement : « Ce sont des mots à côté, tous déviés un peu, qui par leur rencontre font entrer un spectre. C’est comme dans Villiers : l’Annonciateur : son ange est ainsi : il naît dans le recul des mots. »

Je crois n’avoir jamais entendu improviser phrase plus littéraire et plus dense. C’est une double image inexprimée. Cet homme est étonnant.

Pour la première fois, je l’ai entendu dire du mal de quelqu’un : Lamartine. « Nous ne pouvons plus en lire, disait-il, parce qu’il faut en lire trois pages avant de trouver un vers. Mais il avait l’âme élevée… C’est une des grandes attitudes humaines. »


30 octobre.

Il y a trois mois, en recevant pour la Revue d’Aujourd’hui, mon Effloraison, Darzens me dit, ou à peu près :

« C’est très bien… c’est très bien !… La prochaine fois, donnez-moi donc de la prose. »

C’est un mot. Mais c’était dit sans méchanceté, et j’en ai ri dans la rue. « Il demande de ma prose ? Il en aura ! »

Rentré chez moi, je me suis mis à ma table et j’ai écrit tout d’une traite un article de critique artistique (?) surtout architecturale (oh ! Heubès !)