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mea, verba suavissima… Beatae aures quae venus divini sussurri suscipiunt… Et sur la réponse du poète : Loquere, Domina, quia audit servus tuus, la Muse divine reprendra : Promittit mundus temporalia et parva ; ego promitto summa et aeterna.

Le troisième serait plus pratique. Ce seraient des exercices spirituels à l’effet d’augmenter chaque jour l’intensité et la continuité de l’émotion artistique. Comme « principe et fondement », je poserais cette vérité trop évidente pour qu’il soit nécessaire d’y insister longuement : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir la Beauté divine. Et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider dans la poursuite de sa fin idéale. D’où il suit qu’il doit en faire usage autant qu’elles le conduisent vers sa fin et s’en dégager autant qu’elles l’en détournent. » Puis viendraient des Exercices, et des méthodes d’examens généraux, fondés sur ce principe que la vie de l’homme doit être consacrée au Beau, et que toute pensée bourgeoise, tout désir grossier, toute admiration indigne, est un péché. Chaque soir ainsi, on rechercherait les péchés du jour, et chaque matin on prendrait la résolution de n’en plus commettre. Les exercices seraient divisés selon la méthode admirable de Loyola, avec la seule différence que les oraisons, insulte à l’initiative divine, seraient remplacées par une élévation à la Beauté. Le second prélude serait sup-