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car tout le monde se faisait présenter par Mendès ou Lepelletier, qui devaient être seuls là pour certifier son identité.

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Je suis content. J’ai reçu avant-hier la première lettre de Bérard ; et ce matin la cinq ou sixième de Valéry, avec un magnifique sonnet : le Jeune prêtre. Quel talent il a, celui-là ; c’est un vrai. S’il continue, il arrivera plus loin qu’aucun de ceux que j’ai vus aujourd’hui.


Jeudi, 24 juillet, 9 h. soir.

Tausserat m’a reçu ce matin chez lui. J’avais des conseils à lui demander au sujet de l’anthologie, et il m’a indiqué, parmi les œuvres des poètes ses amis, les pièces-types qu’il ne faut pas omettre. Tous ceux de la génération qui me précède, il les connaît ; et tous lui ont envoyé, dès l’apparition, leurs œuvres avec d’affectueuses et chères dédicaces. Et tous, demain, je les connaîtrai ; cela ne peut tarder. C’est eux qu’il faut dompter, et vaincre. C’est la horde des poètes qu’il faut, au haut des vers, conquérir, — et non cette infâme et infime tourbe populaire qui grouille dans les salons illettrés sous la livrée des habits noirs. Oh ! l’horrible peuple ! la hideuse engeance. Non ! ils ne les