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Cela me paraissait joli autrefois : maintenant cela me touche, cela descend en moi jusqu’au plus profond.

Et ceux-ci, tant connus, tant aimés, qui m’ont surpris ce matin comme des vers nouveaux :

Je demande : Es-tu là, doux être évanoui ?
Ta prunelle dit : non. Mais l’âme répond : oui.

Et quand je songe que je vais la revoir, puis m’absenter de nouveau, et repasser par tous ces moments d’angoisse jamais sérieuse et de charme toujours réel, — jusqu’aux jours où je vivrai près d’elle un mois tout entier, devant la mer.


Mardi, 13 mai, 1 h. du matin (suite).

*** arrive demain. J’étais bien heureux autrefois, potache parqué loin des yeux des femmes, quand je pouvais la revoir. Je n’aurais qu’à relire mes premiers, cahiers pour comprendre combien je faisais attention à elle, et comme j’étais fier de ses pressions de genoux et de ses coquetteries.

Aujourd’hui sa venue m’irrite. Je lui ai écrit au commencement du mois une lettre (qui l’aura fâchée peut-être, car elle ne m’a pas répondu) dans laquelle je lui disais que Paris était navrant en ce moment, qu’il n’y avait rien à voir, aucune distraction, bref, qu’elle pouvait se dispenser de venir. Elle vient quand même.