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Rêveries, me disait, rouge de plaisir : « Tu seras un poète, Louis ! »

Non ! Je serai un Renan.

La Prose, la Prose[1] !!


Mardi, 15 mai, 9 h. 1/2 soir.

Élisabeth dîne ici, seule avec Georges et moi. Je n’ai rien dit ce soir. J’ai fait des vers en rentrant de classe et ça m’a éreinté ; Tahiti, une variante d’un chapitre de Loti.

Ils causent tous les deux, je les laisse. Ils doivent avoir quelque chose à se dire en mon absence. Je viens ici, à mon journal.

On a causé voyages, Évian, où Élisabeth va peut-être aller ; Brunnen[2], sur le lac de Lucerne, où elle voudrait acheter un chalet ; Lugano, pays préféré de mon oncle ; Talloyre, où Besnard a peint sa première Nuit, où Theuriet a écrit en même temps Amour d’Automne ; Luchon, où Élisabeth a lu les Misérables et les Mystères de Paris.

On a causé littérature. Talloyre a fait parler de

  1. Je suis très étonné de retrouver à chaque page que je n’ai pas changé. La période 90-92 a été un simple hors d’œuvre dans ma vie. J’ai si mauvaise mémoire que je ne m’en doutais pas. (Déc. 97.)
  2. Comment ! c’est de Brunnen qu’elle parlait ! Et Lugano ! — Où est-ce, tout cela aujourd’hui ! (17 nov. 89.)