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le sable des allées plaqué d’ombre et taché de soleil çà et là.

Soleil, soleil, viens ! Dépêche-toi. C’est toi qui es la vie du printemps, c’est toi qui fais chatoyer tous les verts du jardin, c’est toi qui donnes du relief à tout ce qu’on regarde, toi qui exaltes toutes les couleurs des choses, qui rends le ciel plus bleu, la pelouse plus verte, les femmes plus roses. Soleil ! c’est toi qui donnes la vie. Dès que tu parais, tout se met en mouvement, et tout le monde est heureux de voir ce beau soleil sur ces belles plantes.

Nous sommes au printemps, on s’habille plus légèrement quand on te voit briller là-haut, tout le monde sort, tout le monde est gai, tout le monde déborde de joie. Les femmes sont plus jolies, les feuilles sont plus fraîches, ô viens, viens vite, nous rendre la gaieté. Tu ne voudrais pas me donner un sale printemps pour mes dix-sept ans ?


Dimanche, 29 avril, 5 h.

Je viens de lire deux Lotis, pour la première fois. Je ne le connaissais pas avant.

Le 3 avril, j’ai lu le Vieux. Vendredi, samedi et ce matin j’ai savouré le Mariage de Loti.

Quelle différence entre ces deux romans ! Qui croirait qu’ils sortent de la même plume ? J’essaye de formuler une idée générale sur les deux, une