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défauts ! Maintenant c’est affaire à vous de juger si les unes compensent les autres, ou si les uns sont dépassés, noyés par les autres. Mais voici son caractère. »

C’est Amiel.

Ce soir donc, sortant d’un examen de français où je n’avais pas été interrogé, j’entre dans le salon, illuminé par un soleil superbe, gai, clair, printanier, des taches de lumière plaquant le parquet, et des nuées de poussières pailletées flottant près de la fenêtre.

J’ouvre machinalement la bibliothèque de Georges, et je vois, près des lettres de Doudan, deux volumes gris in-octavo que je ne connais pas. Je me penche et je lis :

H.-F. Amiel. — Fragments d’un Journal intime.

« Tiens ! Amiel ? Je ne savais pas que Georges avait ça. On dit que c’est très fort. Voyons ! »

J’ouvre, je lis et c’est en effet très transcendant, trop transcendant même, je ne comprends pas tout ; mais quelques mots éveillent ma curiosité, et, voyant qu’il parle beaucoup de ses lectures, je feuillette les deux volumes vers 1859-63 pour voir ce qu’il dit de la Légende et des Misérables.

C’est ainsi que j’ai lu ce passage, qui, je le répète, est d’une impartialité tout à fait unique. Son œuvre, dit-il, ce n’est pas un temple grec, c’est un temple hindou.

Voilà le mot !