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des progrès énormes depuis l’année dernière où elle jouait Zéphire dans Psyché.

En somme, bonne journée.

C’était la première fois que je voyais une tragédie au théâtre.


Samedi 24 mars 88 — 7 h. s.

Je viens de voir Sarah.

Elle fait répéter en ce moment tous les jours à l’Odéon sa nouvelle pièce : l’Aveu ou Ceci tuera cela. Glatron et Duttenhofer m’ayant dit l’avoir vue, j’y suis allée ce soir. J’ai attendu longtemps : peu à peu la foule ayant vu sur les harnais des chevaux le fameux monogramme[1] s’était rassemblée. Enfin Sarah arrive, toute fraîche dans un grand manteau de velours brun frappé, et avec un voile noir sur le dessus de la figure. Un gamin se fourre dans ses jambes et lui demande un sou. Elle prend sa voix câline : « Mon chchéri !… Allons, laisse-moi passer. » Et elle se faufile dans le fond de son coupé en disant à Marquet resté sur le trottoir : « À ce soir. N’oubliez pas ! »

Quels veinards que tous ces gens-là !

Ah !

  1. Il s’agit du monogramme de Sarah Bernhardt.