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Je suis de plus en plus heureux. J’ai traduit jeudi une version d’Ausone en vers[1]. Je l’ai remise vendredi. Tous mes camarades, même ceux qui ne m’aiment pas, m’ont fait les plus chaudes félicitations et, ce qui me touche infiniment plus, j’ai vu à la figure de M. Dietz, quand il les a lus tout bas, qu’il les trouvait bien, lui aussi. C’est demain qu’on les rend ! Oh !

Oh ! serais-je un poète ! serais-je un poète ! Oh ! oui, j’en serai un, je le veux, je le veux. Je veux être un très grand poète. Oh ! si je pouvais !

Et ce n’est pas de la vanité que j’éprouve aujourd’hui, ce n’est pas de l’orgueil, ce n’est pas de la fatuité, c’est du bonheur, c’est de l’exubérance !


Jeudi, 22 mars 88, 7 heures du soir.

Je sors de l’Odéon. On jouait Polyeucte. C’est une révélation. Je ne me doutais guère que ce fût si beau ! Je viens pourtant de l’étudier en classe ; il me semble même que je l’avais lu en grande partie, mais je ne sais quoi, la scène, les acteurs, et peut-être aussi la conférence de Sarcey…

Car Sarcey a fait une conférence. C’était aujourd’hui une de ces matinées du jeudi que Porel a eu l’excellente idée de faire précéder d’une confé-

  1. Les Roses d’Ausone. 15 mars 88.