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çons me portent sur les nerfs, et je finis par avoir des humeurs noires quand je reste des mois entiers sans parler à une femme jeune. C’est atroce tout de même, à dix-sept ans. S’il y a un âge où cela vous fait plaisir, c’est bien celui-là. Plus tard, la conversation ne suffit plus. On veut… autre chose. Maintenant, je n’ai pas besoin de cela. Je demande simplement à les voir, à leur parler, à les entendre et à les aimer. Et je n’ai rien de tout cela.

Franchement, à dix-sept ans, on a besoin d’autre chose que de Sophocle et de Térence ; on a besoin…

Ah ! quand je pense qu’en ce moment même où j’écris ces lignes, tout triste et le cœur serré, peut-être une charmante jeune fille de seize ans écrit-elle la même chose sur son journal de couvent et se plaint-elle de n’être entourée que de vieilles sœurs de charité, elle qui a soif de jeunes garçons.

C’est pour cela que j’aurais dû aller à Épernay. Quand j’ai vu T… deux heures, cela me remonte pour tout un mois… Et aujourd’hui, je suis tout à fait démonté… Tout à fait…

J’ai été à l’Abbé Constantin, hier, au Gymnase, loge de foyer n° 65.

C’est très joli. Lafontaine jouait l’Abbé dans la perfection. Il n’est pas possible d’être plus vrai. Noblet est impayable dans un rôle de jeune gommeux. Marais est bien, mais voilà tout. Quant aux femmes, Magnier, Desclauzas, Darlaud et Grivot, elles sont bien ordinaires. Aucune n’est mauvaise,