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Ah ! pourquoi pensé-je, insensé !
Dans mon esprit trop passionné
À ce que jamais je n’aurai
   Sans doute.
Puisqu’il me faut, emprisonné
Dans un collège détesté,
Suivre, sans bonheur ni gaieté,
   Ma route.

Puisque moi, dont toute l’envie
Est une enfant jeune et jolie
Avec qui je verrais la vie
   En beau,
On m’enterre, on me momifie
Dans cette école où je m’ennuie…
Ah ! Je te hais, pédagogie !
   Tombeau !

Ô mon Dieu ! C’est là la jeunesse,
L’âge où déborde l’allégresse,
Où tout plaisir est une ivresse ;
   Et moi,
Ma chair est vierge de caresse ;
À seize ans, pas une maîtresse
Ne m’a juré dans sa tendresse
   Sa foi !

Mon amour dompté me déchire…
La femme, épandant son sourire,
Vers le fruit défendu m’attire…
   Le jour