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Sarah, restée seule, écoute : « Ah ! je les entends marcher, ils sont là-haut… Cela va partir… Eh bien ! Qu’est-ce qu’ils font donc ?… Mais allons donc ! Mon Dieu ! sont-ils longs !… Oh ! cette attente ! On a beau se dire que ce n’est qu’un jeu, c’est égal… Mais qu’est-ce qu’ils font donc !… Ah ! c’est fini. »

Le décor change : Mario est étendu sur la plate-forme du Château Saint-Ange. La Tosca le croit vivant et se figure qu’il fait le mort seulement. « Ne bouge pas ! Un soldat qui passe… Là… Lève-toi… Non ! non !… encore des soldats… Là… Oh ! mon Dieu, encore une patrouille… Mais cela ne finira donc pas ?… Ah ! lève-toi. Viens !… Mais viens donc ! (Elle tape dans ses mains.) Mais dépêche-toi donc, je te dis qu’il n’y a pas de danger… Mais qu’est-ce qu’il a ?… (Elle s’approche.) Ah ! mon Dieu, évanoui ! (Elle le retourne et voit les trous des balles)… Oooooh !… mort !… Ils me l’ont tué… Ils me l’ont tué… tué… tué… »

Et elle se roule sur le cadavre en sanglotant.

Les soldats reviennent. La Tosca s’affole. Que lui importe, à présent ? Elle se dénonce elle-même comme ayant assassiné Scarpia.

« Ah ! vous fusillez ! Ah ! vous assassinez ! Moi, j’égorge ! » hurle-t-elle, les deux bras projetés en avant.

C’est le mot qu’elle a le mieux dit.

Enfin, elle se précipite dans le Tibre, du haut de la plate-forme.