Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mis à jouer ni plus ni moins que dans ma chambre. Rien n’était plus amusant.


Vendredi, 30 décembre 87.

Deux journées à raconter, et quelles journées !

Mercredi matin j’ai lu Micheline et je me suis levé tard. Après le déjeuner, je suis allé à Épernay. J’ai mis à la poste une lettre pour Georges et je vais chez ma tante. Elle rafistole une robe de bal n° 2 pour T… La soirée François ne devait être qu’une petite sauterie ; on devait venir en robe montante et s’en aller de bonne heure. Tout est changé : c’est un vrai bal qui durera jusqu’à cinq heures du matin, avec cotillon et souper. Tous les hommes seront en habit, toutes les dames seront décolletées.

Me voici désolé. Et moi qui n’ai pas d’habit. Moi qui n’ai même pas de pantalon noir ! Moi qui ne sais pas danser ! Moi qui ne peux pas inviter parce que je bégaye ! Dans quel pétrin vais-je me fourrer ! Quelle nuit je vais passer si je m’en vais là-bas !

Je sors tout triste de la chambre de T…, mais sur l’escalier il me vient une envie furieuse de remonter et de dire à ma tante que je ne peux pas aller au bal.

C’est décidé. J’irai. Mais que va-t-il m’arriver ?

J’accompagne Marguerite jusqu’à la porte de Mme F…, et maintenant que faire ? Il est trois