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L’abbé parut à la porte et s’avança vers elle en ouvrant les mains.

« Vous venez me consulter ?

— Et me confesser.

— Vous confesser ! Mais je vous ai entendue avant-hier !… Alors, qu’avez-vous à me dire de si grave ? Un petit péché auquel vous attribuez une grande importance, et plus qu’il n’en mérite, j’en suis certain… »

Il encourageait.

— Vous voilà tout émue… Eh ! vous ne réussirez pas à m’inquiéter moi-même ! Vous êtes, Madame, une pénitente à laquelle j’oserais, comme on dit au village, donner le Bon Dieu sans confession. Certains soirs vous péchez un peu verbalement, mais bah ! il faut prendre son temps comme il est et ne pas demander aux mondaines ce qu’on exige des ursulines. Le flirt est juste à mi-chemin entre le vice et la vertu : le purgatoire est fait pour lui. »

Disant cela sur un geste de juge qui dispose à son gré des peines éternelles, il se redressa dans son fauteuil.

L’abbé Tholozan venait de dépasser la quarantaine. Il n’était ni grand ni petit, mais assez gras, et il portait beau son visage romain.

« J’ai peur de pécher en action, dit Psyché.

— Dans l’avenir ?

— Dans l’avenir.

— Je vous disais bien que c’était peu de chose.