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La jeune fille recula, rougit avec violence :

« Moi ?

— Oui, vous. Si cela vous tente, voilà mon billet.

— J’ai pas de costume.

— Prenez mon manteau, c’est assez pour passer la porte. »

Et il ajouta, pour répondre à des murmures déjà naissants :

« Ensuite vous irez dans le bal où vous voudrez. Je ne m’occupe plus de vous. »

Mais elle secoua la tête, et s’enfuit à travers les rangs.

« Oh ! non ! Oh ! non ! je serais trop honteuse ! »

Attristé, Gabriel se dirigea vers le contrôle où un bruit de dispute éclatait.

« Monsieur, on n’entre pas ici en clown.

— Mais, monsieur, mon costume est tout neuf !

— Ce n’est pas la question. Nous refusons les clowns, les moines et autres paillasseries de convention.

— Pourquoi, enfin !

— Parce que nous ne sommes ni l’Opéra, ni le Casino de Monte-Carlo. Nous sommes les élèves des Beaux-Arts et nous ne nous habillons pas comme des agents de change en vadrouille. Venez en prêtre d’Isis ou en Cubiculaire, en guerrier du Radjpout ou en chasseur Inca, venez tout nu si vous êtes bien fait, mais ayez de quelque manière un extérieur intéressant. Vous n’êtes pas intéressant.