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à peine évanoui, et s’y réchauffer, et s’y reposer, et s’y endormir, — quelle joie ce serait, quel paradis ! Mais non. Les deux battants de bois dur sont là, verrouillés, inexorables. Et sur ce seuil interdit, il faut laisser toute espérance.

Deux marches de pierre précèdent la porte fermée. Psyché Vannetty machinalement s’y assied.

Et, tout de suite, un engourdissement très doux l’enveloppe et l’enlise. Il n’y a pas d’auvent au-dessus de la porte voûtée. La neige tombe verticale et dense.

Psyché s’endort, — s’endort tout à fait, — oublie…

Et la neige lui coud son suaire.




Tel était la fin de Psyché, dont j’ai gardé le plus précis souvenir, après quinze ans passés, depuis cette lecture que me fit Pierre Louÿs, une nuit, dans le cabinet de travail aux grandes bibliothèques qui fut son unique retraite de 1904 à 1925, et qu’on a détruit l’an dernier.

Je lui avais dit alors : « Mais le livre est fini ! » Et lui de me répondre : « Pas encore, pas encore… Il me reste des choses à faire, d’autres choses à refaire… le départ d’Aracœli… son retour… »

Et, pour couper court, il me jeta quelques-unes de ces fausses raisons sous lesquelles il se dissimu-