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chant, piétinant. Et elle passe, les mains griffées, la robe lacérée. Qu’importe encore ! Elle est entrée. Entrée dans le parc.

Le château, maintenant. Où est le château ? Où est la terrasse ? et surtout la vieille tour ? la vieille tour où jadis entrait le soleil couchant ? la vieille tour où était le lit, le lit large et bas, avec sa courte-pointe de soie ancienne, pareille à un lac rose à l’heure suprême de la lumière ? Il faut trouver, trouver vite ; car, à présent, la neige redouble, et Psyché en sent le poids glacé sur ses épaules.

Ah ! enfin !… c’est la terrasse, qu’on découvre là-bas, à main gauche, par-dessus ces pins noirs… Et, plus près, surgissant tout à coup d’entre la ramure enchevêtrée des hêtres dépouillés, les ogives viennent d’apparaître, les ogives vides qui jadis encadraient des parcelles de ciel bleu. Au coin proche, la tour se hausse, la tour…

Mais elle est close, elle aussi. Et cette fois, point de brèche.


Alors, recrue de fatigue et glacée jusqu’à l’âme, Psyché Vannetty s’arrête, — et perd courage.

La porte basse est là ; et, derrière la porte, l’escalier tant souhaité et, au haut de l’escalier, la chambre pleine de brûlants souvenirs, la chambre encore bruissante des baisers donnés et reçus, des baisers inoubliés. Oh ! entrer dans tout ce bonheur