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Psyché Vannetty, Aracœli, — il y avait là de quoi tenter tous les artistes. Certes ! Mais Pierre Louÿs n’était pas qu’un artiste. En ce cerveau, l’un des plus étonnants qui jamais aient existé, une impitoyable sagesse veillait perpétuellement, dirigeant un esprit critique aussi impérieux qu’était l’autre esprit, l’esprit créateur du poète. Ceux qui liront jusqu’au bout ces pages-ci, où je vais tâcher de résumer la fin de Psyché, se demanderont sans doute avec moi si le dénouement qu’avait d’abord conçu le poète ne fut pas modifié par le philosophe, et si le dénouement du philosophe ne déchira pas le poète. Pris entre sa clairvoyance aiguë et sa tendre prédilection, peut-être est-ce volontairement qu’il se réfugia dans le silence.



Ce dénouement qu’était-il donc ?

Le plus logique. Le plus fatal. Celui que la vie, ou le destin, ou les dieux, avaient marqué d’avance, irrévocablement.


Psyché Vannetty, à la lueur de la lampe symbolique, a lu les vers, les si beaux vers qu’Aimery Jouvelle vient d’écrire. L’encre n’en est pas sèche encore. Et déjà Psyché Vannetty sait qu’Aimery Jouvelle ne l’aime plus. Mais Aimery Jouvelle, lui, n’en sait rien, ni n’en saura rien de longtemps.