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mais dont quelques-unes étaient de vraies raisons, graves et exigeantes. Telles de ces raisons-là ne peuvent être encore données, même aujourd’hui : il n’est pas bon de sortir toutes les vérités de leurs puits, quand on parle d’un grand mort et que les vivants qui l’ont entouré continuent de vivre. Toutefois, il serait difficile de vraiment expliquer la Psyché, d’en indiquer le dénouement et d’en pronostiquer la plus délicate péripétie, celle que Louÿs écrivit vraisemblablement la dernière, si d’abord on ne rapportait l’œuvre à l’ouvrier, et si l’on ne montrait un peu ce que représente toujours dans la vie d’un puissant écrivain son livre capital… en l’occurrence, ce que représenta Psyché dans la vie de Pierre Louÿs…


Quiconque écrit fait son propre portrait. Parménide, — je cite Pierre Louÿs lui-même, — Parménide découvrit et enseigna que l’homme est identique à sa pensée, et identique aussi à l’objet de cette pensée. Un corollaire aisé permet d’affirmer que le romancier est donc identique à son roman, et identique aux personnages de son roman. L’auteur du Roi Pausole avouait volontiers s’être senti tour à tour, au temps qu’il inventait cette capricieuse épopée, l’âme du roi illogique et débonnaire, l’âme du page fantaisiste, et même l’âme du grand eunuque huguenot. Rien de moins discutable, au demeurant : Pierre Louÿs avait en soi tant d’équité