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d’une voix vague et faible, respirait entre les mots, tournait la tête sans détourner le regard.

Entre deux étreintes, elle lui dit, la tête couchée dans ses cheveux :

« Des choses que je n’avais jamais comprises… des phrases s’éclairent… des mots changent de sens… Tu m’avais promis le Sang merveilleux qui révèle le chant des Oiseaux… Il me semble que j’entends pour la première fois le langage étrange de l’Amour… Ces ardeurs, ces feux, ces flammes, c’était pour moi une langue inintelligible, que je croyais sotte et surannée… On ne brûle pas pour quelqu’un, me disais-je… Et comment nommer ce que j’éprouve si ce n’est pas brûler, brûler… »

Elle ferma ses bras.

« Et ce cœur bondissant qui bat ma poitrine, que te donnerais-je Aimery, si je ne te le donnais pas ! »

Ils se réenlacèrent et ne parlèrent plus, leurs lèvres s’étant unies. S’il est dans la vie de quelques amants un sommet, une apogée, un instant incomparable où tout à coup le bonheur se pose, Aimery et Psyché connurent ce miracle en cet instant de ce jour-là, et rien que la mort ne put le leur faire oublier.


Le soir du même jour, Psyché resta seule plus d’une heure. Elle s’était allongée sur un lit de repos dans le boudoir de son appartement. Endor-