Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Baden. J’ai fui Paris au hasard, je ne veux pas savoir où je vais. »

Droite devant la glace et les bras en l’air, elle répara le léger désordre du chapeau, des cheveux et du voile. Elle ouvrait son sac de toilette quand elle entendit un bruit qui la fit tressaillir.

On frappait à la porte.

« Mon Dieu ! fit-elle. On a frappé… On nous suit… »

On frappa de nouveau.

Aimery entrebâilla le rideau, la rassura d’un geste et ouvrit à un employé qui demanda en saluant « s’il pouvait faire les lits ».

« Les lits ?… Vous êtes fou ! » dit la jeune femme étourdiment.

Et quand elle eut refermé la porte, le rouge lui monta aux joues. Cet homme était le premier témoin de son secret. Il l’avait vue, elle, Psyché Vannetty, derrière un verrou à peine entr’ouvert, seule avec un homme, dans un wagon-lit. Il avait offert d’ouvrir les draps, comme si son compagnon avait tous droits sur elle, pouvait la déshabiller, la voir nue, l’étreindre nue… Que devait-il penser ? Elle eut envie de sortir dans le couloir et de s’y promener toute la nuit pour prouver sa chasteté aux yeux de ce domestique. Se roidissant contre la paroi, elle cacha son visage dans ses mains avec un : « oh ! » étouffé.

« C’est moi qui suis folle », dit-elle lentement