Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande âme brûlante d’Aphrodite inspira le corps des amants, et chaque jour un plaisir nouveau — un plaisir nouveau, tu m’entends ? — descendait de l’Olympe bleu dans les larges lits gémissants. Ce fut une ivresse effrénée : de Babylone au mont Eryx, tous les parfums, toutes les soieries, les fleurs, les arts et les femmes, formèrent le triomphe qui suivit la découverte de la joie. Les jeunes filles enfin libérées d’une barbarie héréditaire, conscientes de leurs sens et de leurs désirs, Ouvrirent leurs narines à la rose et leurs corps charmants à la bouche. Pendant des siècles on augmenta le trésor des sensualités. De mon temps, dans Antioche et dans Alexandrie, les femmes l’enrichissaient encore. Moi-même, moi, Callistô, fille de Lamia, c’est moi qui ai trouvé ceci…

Mais je reculai…

Elle se rit.

— Ah ! tu as peur ! Eh bien, parle à ton tour ; voyons ! Pendant les dix-neuf cents ans de mon sommeil dans le tombeau, quelle joie inconnue avez-vous conquise ? Je te demandais tout à l’heure une perle nouvelle. Je te demande maintenant un amour que je n’aie pas expérimenté. Sans doute, depuis si longtemps, on a dût révéler des jouissances toutes neuves. J’attends que tu m’invites à les partager.

Elle se maintenait avec sécurité dans ses posi-