Qui donc appellerais-tu dans cette solitude ?
Les dieux ! qui m’entendront.
Ah ! petite fille ! Les dieux sont plus loin de toi que je ne suis à présent, et fussent-ils même à tes côtés, ils ne me défendraient pas de te dire que tu es belle, car ils sont fiers de ton visage et ils savent bien que c’est leur chef-d’œuvre.
Tais-toi, chevrier. Va-t’en. Ma mère m’a défendu d’écouter aucun homme. Je suis ici pour garder mes brebis laineuses et leur faire brouter l’herbe jusqu’au soleil couchant. Je ne dois pas entendre la voix des garçons qui passent sur la route avec le vent du soir et les poussières ailées.
Pourquoi ?
Je ne le sais pas. Ma mère le sait pour moi. Il n’y a pas encore treize ans que je suis née sur son lit de feuilles, et je serais bien imprudente si je ne faisais pas tout ce qu’elle veut m’ordonner.