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deux montagnes tout près l’une de l’autre. Je fais observer à H… inattentif combien cette disposition serait précieuse pour un pont de guerre.

San-Sébastien (également sous la neige) ; l’Anglais — un certain J. Watson de Manchester — nous lâche. Montent quatre femmes espagnoles dont deux fort jolies. Trois descendent à une station proche. L’une des deux jolies reste seule avec nous, et au moment où entre nous deux elle se penche à la portière pour saluer ses amies, je lui fais ce que Horace appelait : Pinçoir culum. Son indignation est modérée. Je regrette que des vitres ridiculement grandes ôtent tout secret à notre compartiment par rapport aux voisins.

J’en suis, pour ma part, heureux.

Je continue le récit de ce journal, qui commence à ennuyer Pierre Louÿs.

À Zumarraga nous descendons. La neige avait augmenté de plus en plus. Elle est ici fort épaisse. Aussi, le train s’arrête ; et, comme les secondes, en Espagne, ne sont pas chauffées, nous sommes gelés sur nos banquettes.

Nous descendons au bout de dix minutes. Louÿs est de fort mauvaise humeur, et j’essaye en vain de le faire patienter. Il s’est réfugié sous le hangar de la station, et là, dans la neige fondue, il essaye de se réchauffer en battant la semelle.

Au bout de deux heures et demie seulement,