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— … Il va peut-être me faire chasser d’ici, et c’est à moi, maintenant, de répondre ! c’est moi qui ai fait le mal, n’est-ce pas ? Cette scène ridicule, c’est moi qui la cherche ! Tiens, laisse-moi, tu es trop bête !

Et comme, après sa danse mouvementée, des perles de sueur naissaient en mille endroits de sa peau brillante, elle prit dans un buffet une serviette-éponge, et se frictionna du ventre à la tête comme si elle sortait du bain.

— Ainsi, repris-je, voilà ce que tu faisais dans la maison même où je te vois ! Et voilà ton métier ! Voilà la femme que j’aime !

— N’est-ce pas, tu n’en savais rien, innocent ?

— Moi ?

— Mais non. C’est bien cela. Tous les Espagnols le répètent ; on le sait à Paris et à Buenos-Ayres ; des enfants de douze ans à Madrid vous disent que les femmes dansent toutes nues dans le premier bal de Cadiz. Mais toi, tu veux me faire croire qu’on ne t’avait rien dit, toi qui n’es pas marié, toi qui as quarante ans !

— J’avais oublié.

— Il avait oublié ! Il vient ici depuis deux mois, il me voit monter quatre fois par semaine à la petite salle…

— Tais-toi, Concha, tu me fais mal affreusement.

— À ton tour, donc ! Je me vengerai, Mateo, de