Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roses des peuples du Nord vivaient en troupeau, couchées sur les herbes. C’étaient des Sarmates à triple tresse, aux jambes robustes, aux épaules carrées, qui se faisaient des couronnes avec des branches d’arbre et luttaient corps à corps pour se divertir ; des Scythes camuses, mamelues, velues, qui ne s’accouplaient qu’en posture de bêtes ; des Teutonnes gigantesques qui terrifiaient les Égyptiens par leurs cheveux pâles comme ceux des vieillards et leurs chairs plus molles que celles des enfants ; des Gauloises rousses comme des vaches et qui riaient sans raison ; de jeunes Celtes aux yeux vert de mer et qui ne sortaient jamais nues.

Ailleurs, les Ibères aux seins bruns se réunissaient pendant le jour. Elles avaient des chevelures pesantes qu’elles coiffaient avec recherche et des ventres nerveux qu’elles n’épilaient point. Leur peau ferme et leur croupe forte étaient goûtées des Alexandrins. On les prenait comme danseuses aussi souvent que comme maîtresses.

Sous l’ombre large des palmiers habitaient les filles d’Afrique : les Numides voilées de blanc, les Carthaginoises vêtues de gazes noires, les Négresses enveloppées de costumes multicolores.

Elles étaient quatorze cents.

Quand une femme était entrée là, elle n’en sortait plus jamais, qu’au premier jour de sa vieillesse. Elle donnait au temple la moitié de son