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leuse que tu sois, c’est une gloire te coûterait cher, que refuser Démétrios. »

Chrysis se taisait toujours.

Il reprit plus doucement :

« Que crains-tu ?

— Tu es habitué à l’amour des autres. Sais-tu ce qu’on doit donner à une courtisane qui n’aime pas ?

Il s’impatienta.

« Je ne demande pas que tu m’aimes. Je suis las d’être aimé. Je ne veux pas être aimé. Je demande que tu t’abandonnes. Pour cela je te donnerai l’or du monde. Je l’ai dans l’Égypte.

— Je l’ai dans mes cheveux. Je suis lasse de l’or. Je ne veux pas d’or. Je ne veux que trois choses. Me les donneras-tu ? »


Démétrios sentit qu’elle allait demander l’impossible. Il la regarda anxieusement. Mais elle se prit à sourire et dit d’une voix lente :

« Je veux un miroir d’argent pour mirer mes yeux dans mes yeux.

— Tu l’auras. Que veux-tu de plus ? Dis vite.

— Je veux un peigne d’ivoire ciselé pour le plonger dans ma chevelure comme un filet dans l’eau sous le soleil.

— Après ?

— Tu me donneras mon peigne ?

— Mais oui. Achève.