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V

LE MIROIR, LE PEIGNE
ET LE COLLIER


Elle avait une beauté spéciale. Ses cheveux semblaient deux masses d’or, mais ils étaient trop abondants et bourrelaient son front bas de deux profondes vagues chargées d’ombre, qui engloutissaient les oreilles et se tordaient en sept tours sur la nuque. Le nez était délicat, avec des narines expressives qui palpitaient quelquefois, au-dessus d’une bouche épaisse et peinte, aux coins arrondis et mouvants. La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s’animait du balancement des seins libres, ou du roulis des belles hanches, sur qui la taille pliait.

Quand elle ne fut plus qu’à dix pas du jeune homme, elle tourna son regard vers lui. Démétrios eut un tremblement. C’étaient des yeux extraordinaires ; bleus, mais foncés et brillants à la fois, humides, las, en pleurs et en feu, presque