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lement qu’on doit la livrer à Chérès, mais j’ai peur qu’elle ne soit fatiguée…

— Ne la plains pas ! Avec lui elle aura le temps de se remettre. Je le connais, Séso. Je l’ai regardé dormir. »

Elles rirent ensemble de Chérès. Puis elles se complimentèrent.


« Tu as une jolie robe, dit Séso. C’est chez toi que tu l’as fait broder ? »

La robe de Tryphèra était une mince étoffe glauque entièrement brochée d’iris à larges fleurs. Une escarboucle montée d’or la plissait en fuseau sur l’épaule gauche ; la robe retombait en écharpe entre les deux seins, en laissant nu tout le côté droit du corps jusqu’à la ceinture de métal ; une fente étroite qui s’entr’ouvrait et se refermait à chaque pas révélait seule la blancheur de la jambe.


« Séso ! dit une autre voix, Séso et Tryphèra, venez, si vous ne savez que faire. Je vais au mur Céramique pour y chercher mon nom écrit.

— Mousarion ! d’où viens-tu, ma petite ?

— Du Phare. Il n’y a personne là-bas.

— Qu’est-ce que tu dis ? Il n’y a qu’à pêcher, tellement c’est plein.

— Pas de turbots pour moi. Aussi je vais au mur. Venez. »