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par des lanières de cuir croisées. Elle boucla elle-même sous son ventre chaud une ceinture de jeune fille qui du haut des reins s’inclinait en suivant la ligne creuse des aines ; à ses oreilles elle passa de grands anneaux circulaires, à ses doigts des bagues et des sceaux, à son cou trois colliers de phallus d’or ciselés à Paphos par les biérodules.

Elle se regarda quelque temps, ainsi nue entre ses bijoux ; puis tirant du coffre où elle l’avait pliée une vaste étoffe transparente de lin jaune, elle la fit tourner tout autour d’elle et jusqu’à terre s’en drapa. Des plis diagonaux sillonnaient le peu qu’on voyait de son corps à travers le tissu léger ; un de ses coudes saillait sous la tunique serrée, et l’autre bras, qu’elle avait laissé nu, portait relevée la longue queue, afin d’éviter qu’elle traînât dans la poussière.

Elle prit à la main son éventail de plumes, et sortit nonchalamment.


Debout sur les marches du seuil, la main appuyée au mur blanc, Djala seule regarda la courtisane s’éloigner.

Elle marchait lentement, le long des maisons, dans la rue déserte où tombait le clair de lune. Une petite ombre mobile palpitait derrière ses pas.