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— Mes pieds sont deux feuilles de nénuphar sur l’eau ; mes cuisses sont deux boutons de nénuphar gonflés.


— Tes seins sont deux boucliers d’argent dont les pointes ont trempé dans le sang.

— Mes mamelles sont la lune et le reflet de la lune dans l’eau.


— Ton nombril est un puits profond dans un désert de sable rose, et ton bas-ventre un jeune chevreau couché sur le sein de sa mère.

— Mon nombril est une perle ronde sur une coupe renversée, et mon giron est le croissant clair de Phœbé sous les forêts. »


Il se fit un silence. — L’esclave éleva les mains et se courba.


La courtisane poursuivit :

« ELLE est comme une fleur de pourpre, pleine de miel et de parfums.

« Elle est comme une hydre de mer, vivante et molle, ouverte la nuit.

« Elle est la grotte humide, le gîte toujours chaud, l’Asile où l’homme se repose de marcher à la mort. »


La prosternée murmura très bas :