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APPENDICE


Page 112. — * Ici s’intercale un passage publié dans L’Esclavage (Mercure de France, 1895-1896), édition préoriginale d’Aphrodite, et que Pierre Louÿs supprima dans les éditions ultérieure.


En chemin, l’enfant lui expliqua brièvement qui était cette femme qu’ils allaient voir ensemble. Les bergères d’Israël, sur les hauteurs boisées où se trouvent les pâturages, restent tout l’été loin des hommes, privées de la chaleur du lit. Le soleil ardent, la longue solitude, le silence et le désœuvrement excitent en elles des désirs qui, faute d’être soulagés, deviennent bientôt intolérables. Pour assouvir cette soif atroce de leur corps, pour inonder cette brûlure qui les tient éveillées la nuit, elles n’ont qu’un mâle auprès d’elles, leur bouc lascif, toujours dans leurs bras nus ; mais ce n’est pas sans effroi qu’elles s’offrent à lui, car leur dieu défend les unions stériles, et les femmes surprises sous des animaux sont lapidées par les prêtres. Chimairis était bergère sur les montagnes du Carmel quand elle rencontra près d’une source une jeune paysanne phénicienne, gardeuse de chèvres elle aussi, et qui la convertit à la foi d’Astarté. Elle apprit ainsi qu’on l’avait trompée en la persuadant d’obéir à une interdiction divine ; et depuis ce jour les deux jeunes filles arrêtèrent leurs trou-