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— Tu ne seras pas pris. Tu es seul ici. Il n’y a pas d’autres condamnés. Tu as renvoyé les soldats. Nous savons tout cela. Laisse-nous entrer.

— Enfin ! Ne restez pas longtemps. Voici la clef. C’est la troisième porte. Prévenez-moi quand vous partirez. Il est tard et je voudrais me coucher. »

Le bon vieux leur remit une clef de fer battu qui pendait à sa ceinture et les deux petites vierges coururent aussitôt, sur leurs sandales silencieuses, à travers les couloirs obscurs.

Puis le geôlier rentra dans sa loge et ne poussa pas plus avant une surveillance inutile. La peine de l’emprisonnement n’était pas appliquée dans l’Égypte grecque, et la petite maison blanche que le doux vieillard avait mission de garder ne servait qu’à loger les condamnés à mort. Dans l’intervalle des exécutions elle restait presque abandonnée.

Au moment où la grande clef pénétra dans la serrure, Rhodis arrêta la main de son amie.

« Je ne sais pas si j’oserai la voir, dit-elle. Je l’aimais bien, Myrto… J’ai peur… Entre la première, veux-tu ? »

Myrtocleia poussa la porte ; mais dès qu’elle eut jeté les yeux dans la chambre, elle cria :

« N’entre pas, Rhodis ! Attends-moi ici.

— Oh ! qu’y a-t-il ? Tu as peur aussi… Qu’y a-t-il sur le lit ? Est-ce qu’elle n’est pas morte ?