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poudre rouge, marquèrent à la hauteur des flancs les trois plis profonds de la taille, et dans la croupe arrondie deux fossettes parfois mouvantes ; puis avec un tampon de cuir fardé elle colora vaguement les coudes et aviva les dix ongles. La toilette était finie.

Alors Chrysis se mit à sourire et dit à l’Hindoue :


« Chante-moi. »


Elle se tenait assise et cambrée dans son fauteuil de marbre. Ses épingles faisaient un rayonnement d’or derrière sa face. Ses mains appliquées sur sa gorge espaçaient entre les épaules le collier rouge de ses ongles peints, et ses pieds blancs étaient réunis sur la pierre.

Djala, accroupie près du mur, se souvint des chants d’amour de l’Inde :


Elle chantait d’une voix monotone.


« Chrysis… »


« Chrysis, tes cheveux sont comme un essaim d’abeilles suspendu le long d’un arbre. Le vent chaud du sud les pénètre, avec la rosée des luttes de l’amour et l’humide parfum des fleurs de la nuit. »