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L’une d’elles l’aura fait attirer quelque part et sera entrée chez elle à l’heure où le soleil est chaud et les rues presque désertes.

— Oh ! elle l’a peut-être fait vendre, son miroir, pour payer ses dettes.

— Si c’était un de ses amants ? On dit qu’elle prend des portefaix maintenant.

— Non, c’est une femme, j’en suis sûre.

— Par les deux déesses ! c’est bien fait ! »


Tout à coup, une cohue plus houleuse encore se poussa vers un point de l’Agora, suivie d’une rumeur croissante qui attira tous les passants.


« Qu’y a-t-il ? qu’y a-t-il ? »


Et une voix aiguë dominant le tumulte cria par-dessus les têtes anxieuses :


« On a tué la femme du grand-prêtre ! »


Une émotion violente s’empara de toute la foule. On n’y croyait pas. On ne voulait pas penser qu’au milieu des Aphrodisies un tel meurtre était venu jeter le courroux des dieux sur la ville. Mais de toutes parts la même phrase se répétait de bouche en bouche :

« On a tué la femme du grand-prêtre ! la fête du Temple est suspendue ! »