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fils de perles bleuâtres passent entre les orteils menus dont chaque ongle a été peint d’un croissant de lune de carmin.

La tête inclinée sur l’épaule, elle bat du bout des doigts la paume de sa main gauche avec l’autre main en ondulant les hanches à peine.


« Sur mon lit, pendant la nuit,
J’ai celui que mon cœur aime,
Je l’ai cherché, je ne l’ai point trouvé…
Je vous conjure, filles d’Iérouschalaïm,
Si vous trouvez mon amant,
Dites-lui
Que je suis malade d’amour.


« Ah ! c’est le chant des chants, Démétrios ! C’est le cantique nuptial des filles de mon pays.


« J’étais endormie, mais mon cœur veillait,
C’est la voix de mon bien-aimé…
Il a frappé à ma porte.
Le voici, il vient
Sautant sur les montagnes
Semblable au chevreuil
Ou au faon des biches.
Mon bien-aimé parle et me dit :
— Ouvre-moi, ma sœur, mon amie.
Ma tête est pleine de rosée.
Mes cheveux sont pleins des gouttes de la nuit.