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LIVRE QUATRIÈME




I

LE SONGE DE DÉMÉTRIOS



Or, avec le miroir, le peigne et le collier, Démétrios étant rentré chez lui, un rêve le visita pendant son sommeil, et tel fut son rêve :


Il va vers la jetée, mêlé à la foule, par une étrange nuit sans lune, sans étoiles, sans nuages, et qui brille d’elle-même.

Sans qu’il sache pourquoi, ni qui l’attire, il est pressé d’arriver, d’être le plus tôt qu’il pourra, mais il marche avec effort et l’air oppose à ses jambes d’inexplicables résistances, comme une eau profonde entrave chaque pas.

Il tremble, il croit qu’il n’arrivera jamais, qu’il ne saura jamais vers qui, dans cette claire obscurité, il marche ainsi, haletant et inquiet.

Par moment la foule disparaît tout entière, soit