Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ce n’est pas assez ! Tiens ! voleuse ! truie ! fille à matelots ! »

Elle enlevait l’une après l’autre les longues épingles de ses cheveux et les plantait avec violence dans la chair des seins, du ventre et des cuisses. Quand elle n’eut plus d’armes dans les mains, elle souffleta la malheureuse et lui cracha sur la peau.

Quelque temps elle considéra l’œuvre de sa vengeance accomplie, puis elle rentra dans la grande salle avec tous les invités.

Phrasilas et Timon, seuls, ne la suivirent pas.


Après un instant de recueillement, Phrasilas toussa quelque peu, mit sa main droite dans sa main gauche, leva la tête, haussa les sourcils et s’approcha de la crucifiée que secouait sans interruption un tremblement épouvantable.

« Bien que je sois, lui dit-il, en maintes circonstances, opposé aux théories qui veulent se dire absolues, je ne saurais méconnaître que tu gagnerais, dans la conjoncture où tu te trouves surprise, à être familiarisée d’une façon plus sérieuse avec les maximes stoïciennes. Zénon, qui ne semble pas avoir eu en toutes choses un esprit exempt d’erreur, nous a laissé quelques sophismes sans grande portée générale, mais dont tu pourrais tirer profit dans le dessein particulier de calmer tes derniers moments. La douleur, disait-il, est un