Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant dix ans d’une seule négresse, et parer à l’avenir en la faisant féconder chaque année, afin de se créer gratuitement une domesticité nombreuse qui plus tard serait une richesse.

Comme elle avait choisi le père avec soin, sept mulâtresses fort belles étaient nées de son esclave et aussi trois garçons qu’elle avait fait tuer, parce que les serviteurs mâles donnent aux amants jaloux des soupçons inutiles. Elle avait nommé les sept filles d’après les sept planètes, et leur avait choisi des attributions diverses, en rapport, autant que possible, avec le nom qu’elles portaient. Héliope était l’esclave du jour, Séléné l’esclave de la nuit, Arêtias gardait la porte, Aphrodisia s’occupait du lit, Hermione faisait les emplettes et Cronomagire la cuisine. Enfin Diomède, l’intendante, avait la tenue des comptes et la responsabilité.

Aphrodisia était l’esclave favorite, la plus jolie, la plus aimée. Elle partageait souvent le lit de sa maîtresse sur la demande des amants qui s’éprenaient d’elle. Aussi la dispensait-on de tout travail servile pour lui conserver des bras délicats et des mains douces. Par une faveur exceptionnelle, ses cheveux n’étaient pas couverts, si bien qu’on la prenait souvent pour une femme libre et ce soir-là même elle allait s’affranchir au prix énorme de trente-cinq mines.

Les sept esclaves de Bacchis, toutes de haute