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crois que tes deux amies sont condamnées, et même elles ne devraient pas être ici. On répète chez Bacchis en ce moment.

— Oh ! c’est vrai, s’écria Rhodis, nous n’y pensions plus. Lève-toi, Myrto, nous sommes très en retard. »

Mais Chrysis se récriait.

« Non ! pas encore ! que tu es méchant de m’enlever mes femmes. Si je m’étais doutée de cela, je ne t’aurais pas reçu. Oh !… les voilà déjà prêtes !

— Nos robes ne sont pas compliquées, dit l’enfant. Et nous ne sommes pas assez belles pour nous habiller longtemps.

— Vous verrai-je au temple, du moins ?

— Oui, demain matin, nous portons des colombes. Je prends une drachme dans ta bourse, Chrysé. Nous n’aurions pas de quoi les acheter. À demain. »

Elles sortirent en courant. Naucratès regarda quelque temps la porte fermée sur elles ; puis il se croisa les bras et dit à voix basse en se retournant vers Chrysis :

« Bien. Tu te conduis bien.

— Comment ?

— Une seule ne te suffit plus. Il t’en faut deux, maintenant. Tu les prends jusque dans la rue. C’est d’un bel exemple. Mais alors, veux-tu me dire, mais qu’est-ce qu’il nous reste à nous, nous